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La rémunération des carrières à impact

06 juillet 2021
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Retour sur l’évènement du 8 juin 2021 “Carrières à impact et rémunérations" qui s’est déroulé en ligne avec Laura de Ticket for Change, Emmanuelle Lalé, fondatrice de Talent & Impact,  et Eric d'Engenières Directeur Général de Ticket for Change, après une transition professionnelle du monde de l'édition au monde de l'Économie sociale et solidaire. Le replay est ici

Ça y est, vous êtes prêts à sauter le pas, bien décidés à mettre plus de sens et d’impact dans votre vie professionnelle et vous explorez les pistes professionnelles qui s’offrent à vous dans ce nouveau secteur d’activité : l’économie à impact ou encore Économie sociale et solidaire.

Comme beaucoup, quand il s’agit de se lancer dans une carrière à impact, le sujet de la rémunération doit faire partie de vos grands questionnements. Comment vais-je gagner dans ce secteur d’activité ? Mon profil senior sera-t-il évalué à sa juste valeur ? Est-ce que je trouve du sens tout en étant assez bien payé ?  

 

Eric a rejoint Ticket for Change dans le cadre du programme On Purpose début 2020. Après 6 mois, il a été embauché par l’association à temps plein dans un rôle de direction générale. Après un parcours d’ingénieur agronome et quinze années passées dans le monde de l’édition, il a réussi deux reconversions professionnelles.

 

Emmanuelle a été  “chasseuse de tête” pendant dix ans. Passionnée de recrutement, elle éprouvait toutefois un fort besoin de se sentir utile. Il y a un an, elle a fait évoluer son métier en créant son propre cabinet de recrutement Talent & Impact. 

 

Pour Emmanuelle, qui accompagne tous les jours des personnes en reconversion ou en transition professionnelle vers l’économie à impact, la baisse conséquente de salaire est une peur récurrente des candidats. Ce fut aussi le premier frein d’Eric dans son envie de reconversion. “On entend souvent qu’on ne peut pas avoir le sens et la rémunération.”

 

Ils nous partagent ci-dessous leurs conseils pour aborder ce sujet important de manière sereine.

 

 

Eric :  “Or, l’économie à impact est une alternative. Ce que représente l’ESS, c’est une alternative économique. “

 

 

Avez-vous des outils, des repères à conseiller pour définir son salaire dans l’ESS ?

Emmanuelle : “J’invite chacun à réfléchir à son seuil psychologique. Si on vous propose le job de vos rêves mais que le salaire n’attend pas votre seuil psychologique alors ce ne sera pas votre job de vos rêves”

 

Eric : “La première chose que j'ai faite c’est de regarder les baromètres existants comme le baromètre des salaires dans l’ESS.  Souvent on dit qu'il faut s’attendre à 20% de moins sur un poste équivalent entre le secteur privé classique et l’ESS mais la réalité est beaucoup plus complexe que ça. Comme l’illustre un peu ce baromètre, 

Il y a une diversité de réalités dans l’ESS. De même, il y a une diversité de réalité dans le secteur privé. 

Je vous conseille donc déjà de calculer votre salaire plancher. Attention, ce n’est pas un exercice facile. Personnellement, je l’ai fait à plusieurs reprises, ajusté plusieurs fois. Il faut reconsidérer au plus juste ses besoins, se détacher de ce que l’on nous a transmis comme étant “un bon salaire”. Qu’est ce qui est important, indispensable pour vous (et votre famille bien sûr). 

Mes problématiques étaient les suivantes. Premièrement, je n’étais pas seul, j’engageais toute ma famille dans cette nouvelle situation professionnelle. Ensuite, 

je ne pouvais pas transposer mon poste de Directeur éditorial dans l’économie à impact. Donc, j’ai dû m'interroger sur la transposition de mes compétences et j’ai dû considérer la question de devoir baisser en responsabilités, au moins dans un premier temps.”

 

Le programme On Purpose que tu as suivi t’a-t-il aidé ?

Eric : “Quand on a envie de changer de job rapidement, on peut être tenté de rejoindre le plus vite possible une structure qui nous motive. Personnellement, j’avais besoin de prendre du temps pour bien le faire, de me mettre dans une posture de transition et d’être accompagné pour le faire bien. On Purpose m’a permis de m’engager dans une transition d’un an en bénéficiant d’une dynamique collective et en expérimentant différents postes dans différentes structures, différentes réalités de l’ESS”

 

“Il faut bien que je puisse gagner ma vie”

Emmanuelle : “Un jour, j’ai pris conscience de la violence et de l’absurdité de cette expression. Du coup, aujourd’hui, je me suis ré-appropriée et je m’en amuse. Considérant le fait que notre vie on l’a déjà gagnée, on peut simplement se demander ce que l’on a envie d’en faire. J’ai rencontré de nombreuses personnes qui ont mis du temps avant de se lancer vers les métiers qui les faisaient vibrer. Au final quand elles se sont lancées, l’argent n’était jamais le principal sujet vu qu’elle était au bon endroit, complètement épanouies.”

 

Difficile d’accepter de baisser son salaire tout de même, non ?

Eric : “Selon moi la rémunération ce n’est pas que le salaire, c’est le package qui comprend “tout ce que je vais gagner”. Il y a le salaire mais aussi l’autonomie dans le poste, la qualité relationnelle avec l'équipe, l’environnement de travail, le terrain d’apprentissage et de développement, le sentiment d’utilité ...etc. 

 

Emmanuelle : “D’ailleurs, bien souvent quand on est dans un job qui ne nous convient pas, on a tendance à compenser en consommant plus... Moi j’ai changé de lieu de vie. Je me suis installée au milieu de la forêt. Je suis tellement bien où je suis que je n’ai plus envie d’aller au resto par exemple. On est dans un système de croyance qui nous fait croire que pour être épanoui et heureux il faut avoir un job dans une grosse boite qui paie bien. J’ai accompagné beaucoup de personnes qui se sont enfermées dans des prisons dorées et qui, malheureusement, éprouvent des difficultés à s’en extraire.” 

 

 

Quels sont vos conseils pour les personnes qui n’osent pas parler d’argent dans leur recherche de job à impact ?

 

Emmanuelle : “Quand le salaire est indiqué sur l’offre c’est la fourchette réelle. 

Si la fourchette n’est pas indiquée, attendre que la question arrive et donner une fourchette et dire que l’on est ouvert à l’échange. Une des spécificités de l’ESS c’est qu’il n’y a pas de règles. C’est pour ça que c’est hyper important d’identifier votre seuil psychologique.”

 

Eric : “Essayez de comprendre de quel type de structure il s’agit et de vous familiariser avec cette diversité pour mieux vous y repérer. S’agit-il d’une structure associative dépendante de financements extérieurs ?  de la générosité du public ? Ou d’une entreprise à mission avec un modèle économique pérenne ?”

 

Auriez-vous des fourchettes de salaire à nous donner ?

Emmanuelle : “Dans l’ESS les écarts de salaire sont moindres. Attention aux idées reçues, l’ESS ne recrute pas que des jeunes diplômés. Ce secteur a également besoin de cadres expérimentés et les profils issus du secteur privé classique sont propices à créer des passerelles entre les différents mondes.” 

 

Des exemples de jobs et salaires correspondants : 

Emmanuelle : “En moyenne dans les associations et les ONG, un dirigeant gagne 50-70k€ bruts annuels (parfois plus dans les très grosses). Sur des fonctions intermédiaires, des postes de cadres 3-10 ans expériences gagnent entre 35-45k€/an. 

 

Les dirigeants d’entreprises sociales gagnent de 80k€ à 100k€/an. Les fonctions de managers environ 55-65k et les cadres à 2-3ans d’expérience entre 35-40k.

 

Les fédérations, les mutuelles mais aussi les entreprises à mission Bcorp sont proches des entreprises privées.”

 

Comment on explique l’écart de salaire ?

Eric : “Quand on met l’intérêt général en priorité, on ne met pas la rentabilité. 

Du coup les choix on a parfois des activités qui ne sont pas rémunératrices car elles ont un très fort impact. Du coup, l’entreprise peut moins se permettre d’investir sur les charges RH (salaires, recrutement). 

 

Emmanuelle : “Quand on regarde dans les entreprises classiques, les fonctions les mieux payées sont celles qui rapportent le plus d’argent (commercial ..etc). Donc souvent inversement proportionnel à l’utilité sociale.”


Sophie Delile
Rayonnement et porte-parole
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